Language: French
If the flora and vegetation of Limousin (a former administrative region of southwest-central France) is often described as poor and homogeneous, including by illustrious local botanists such as Edouard Lamy or Charles Le Gendre, this does not apply to the department of Corrèze (which is one the departments in which Limousin dissolved). This is the most heterogeneous of the old regions now integrated into Nouvelle-Aquitaine. It must be admitted that, unlike Haute-Vienne or Creuse, the Corrèze, with its sedimentary basin of Brive-la-Gaillarde, has a wide variety of geological bases, generating a diversity of soils and vegetation. The Causse corrézien, the extension of the Causse de Martel, with its hard limestones, the Triassic sandstones to the south of the agglomeration of Brive, and the marls which are inserted from the outliers of Ayen and Saint-Robert to Puy of Arnac, slice through the crystalline base specific to the Massif Central that is found in most of the department.
If the maximum altitude is close to a thousand meters at Meymac, typically mountain vegetation is only represented in the department in an abyssal way, thanks to certain gorges (Chavanon, Dordogne). Apart from the Causse corrézien where the southern influence is well reflected in the local flora, the vegetation of the Corrèze is especially subject to the Atlantic influence, which reaches the vast peaty alveoli of the Plateau de Millevaches and allows the expression of remarkable amphibious lawns, low marshes and Atlantic acidiphilic peat bogs. Luc Brunerye, who has been studying the flora and vegetation of the Corrèze for more than half a century, is today without question one of the best specialists, and the worthy successor of Ernest Rupine, this pioneering scholar of the botany in Corrèze at the end of the 19th century. Especially renowned for its monumental contribution to the knowledge of the Corrézienne flora, with more than eighty publications to its credit in a plurality of scientific journals (Le Monde des Plantes, Journal of Botany of the Société botanique de France, Bulletin de the Center-West Botanical Society, etc.), Luc Brunerye is also the author of the first real studies of plant communities in this department, even though the phytosociological discipline was not yet stabilized, both analytically and synthetically . Thus, from the 1960s, with his doctoral thesis from the Faculty of Pharmacy in Paris, Luc Brunerye studied the plant groups of the Monédières marshes and their evolution (1962). This work was very quickly followed by a study of the vegetation of the dry moors of Monédières (1962), of the forest groups in the Treignac region (1970), of the messicole vegetation of the town of Veix (1976), of the vegetation outcrops of serpentine (1980) and then vegetation of the Hettang hillsides (1990). We must not hide either the meticulous work of exploration of the Corrèze which owes to Luc Brunerye to be the second author of Plants and vegetation in Limousin, atlas of vascular flora (2001), one of the first floristic atlases regional in France. This consequent accumulation of knowledge allows him today to give us a complete analysis of the phytogeography of Corrèze. The vegetation, the heart of Luc Brunerye's work, is detailed into twenty-two major types which often correspond to the level of the phytosociological class. Then broken down very precisely into two hundred and fifty-six plant groups, Luc Brunerye succeeds in the arduous task of making his subject accessible both to non-specialists (biology students, curious by nature) as well as to professional environment, as François Billy did for Basse-Auvergne before. If Luc Brunerye takes care, with great modesty, to warn the reader that his analysis of the vegetations does not follow the sigmatist phytosociological method, the bridges are obvious, for the seasoned phytosociologist, between the groups individualized by the author and the modern denominations plant associations. Thus, we recognize under the name "Coteaux à Staehelina dubia" the Staehelino dubiae – Teucrietum chamaedryos described by Jean-Marie Royer in the near Périgord, or the "lawn with Saxifraga granulata and Serapias lingua" which is none other that the Orchido morionis – Serapiadetum linguae describes southern Armagnac by Bruno de Foucault. Some will find true singularities there, that is to say original and repetitive combinations of species under well-defined conditions of their biotope; these may be new plant associations, which should be validated in accordance with the International Code of Phytosociological Nomenclature. Luc Brunerye's work also constitutes an important inventory of the flora, via a reasoned catalog, and plant groups, which make up the Corrèze landscapes. It is also a benchmark for future generations, in the current context of global warming, which will probably impact the vast peat complexes of the Millevaches Plateau rich in boreal sensitive elements, and increasing anthropization of natural environments. The examples of herbalizations, expertly selected by the author at the end of the book, are a real invitation to travel, discovery and wonder, faced with the unsuspected natural riches of the Corrèze, first steps essential to their preservation.
Summary in French:
Si la flore et les végétations du Limousin sont souvent qualifiées de pauvres et d’homogènes, y compris par d’illustres botanistes locaux comme le furent Édouard Lamy ou Charles Le Gendre, cela ne s’applique pas au département de la Corrèze, le plus hétérogène de l’ancienne région aujourd’hui intégrée à la Nouvelle-Aquitaine. Il faut bien avouer que, contrairement à la Haute-Vienne ou la Creuse, la Corrèze, avec son bassin sédimentaire de Brive-la-Gaillarde, dispose d’une grande variété de socles géologiques, générant une diversité de sols et de végétations. Le Causse corrézien, extension du Causse de Martel, avec ses calcaires durs, les grès du Trias au sud de l’agglomération de Brive, et les marnes qui s’intercalent depuis les buttes témoins d’Ayen et Saint-Robert jusqu’à Puy d’Arnac, vont ainsi fortement trancher avec le socle cristallin propre au Massif central que l’on retrouve dans la majeure partie du département. Si l’altitude maximale frôle mille mètres à Meymac, les végétations typiquement montagnardes ne sont représentées dans le département que de façon abyssale, à la faveur de certaines gorges (Chavanon, Dordogne). En dehors du Causse corrézien où l’influence méridionale se traduit bien dans la flore locale, les végétations de la Corrèze sont surtout soumises à l’influence atlantique, qui atteint les vastes alvéoles tourbeux du Plateau de Millevaches et y permet l’expression de remarquables gazons amphibies, bas-marais et tourbières acidiphiles atlantiques. Luc Brunerye, qui étudie la flore et les végétations de la Corrèze depuis plus d’un demi-siècle, en est aujourd’hui sans conteste l’un des meilleurs spécialistes, et le digne successeur d’Ernest Rupin, cet érudit pionnier de la botanique en Corrèze à la fin du xixe siècle. Surtout réputé pour sa monumentale contribution à la connaissance de la flore corrézienne, avec plus de quatre-vingt publications à son actif dans une pluralité de revues à caractère scientifique (Le Monde des Plantes, Journal de botanique de la Société botanique de France, Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest, etc.), Luc Brunerye est également l’auteur des premières véritables études des communautés végétales de ce département, alors même que la discipline phytosociologique n’était pas encore stabilisée, tant sur le plan analytique que synthétique. Ainsi, dès les années 1960, avec sa thèse de doctorat de la faculté de pharmacie de Paris, Luc Brunerye étudie les groupements végétaux des marais des Monédières et leur évolution (1962). Ce travail est très vite suivi d’une étude de la végétation des landes sèches des Monédières (1962), des groupements forestiers de la région de Treignac (1970), de la végétation messicole de la commune de Veix (1976), de la végétation des affleurements de serpentine (1980) puis de la végétation des coteaux hettangiens (1990). Il ne faut pas occulter non plus le minutieux travail d’exploration de la Corrèze qui doit à Luc Brunerye d’être le second auteur de Plantes et végétation en Limousin, atlas de la flore vasculaire (2001), l’un des premiers atlas floristiques régionaux en France. Cette conséquente accumulation de connaissances lui permet aujourd’hui de nous livrer une analyse complète de la phytogéographie de la Corrèze. Les végétations, coeur de l’ouvrage de Luc Brunerye, sont détaillées en vingt-deux grands types qui correspondent souvent au niveau de la classe phytosociologique. Déclinés ensuite de façon très fine en deux cent cinquante-six groupements végétaux, Luc Brunerye réussit la tâche ardue de rendre son propos accessible à la fois à des non-spécialistes (étudiants en biologie, curieux de nature) ainsi qu’aux professionnels de l’environnement, comme l’avait fait auparavant François Billy pour la Basse-Auvergne. Si Luc Brunerye prend soin, avec grande modestie, d’avertir le lecteur que son analyse des végétations ne suit pas la méthode phytosociologique sigmatiste, les passerelles sont évidentes, pour le phytosociologue aguerri, entre les groupements individualisés par l’auteur et les dénominations modernes des associations végétales. Ainsi, l’on reconnaîtra sous l’appellation « Coteaux à Staehelina dubia » le Staehelino dubiae–Teucrietum chamaedryos décrit par Jean-Marie Royer dans le proche Périgord, ou encore la « pelouse à Saxifraga granulata et Serapias lingua » qui n’est autre que l’Orchido morionis–Serapiadetum linguae décrit de l’Armagnac méridional par Bruno de Foucault. Certains y trouveront de véritables singularités, c’est-à-dire des combinaisons originales et répétitives d’espèces dans des conditions bien déterminées de leur biotope ; ce seront peut-être là de nouvelles associations végétales, qu’il conviendra de valider dans le respect du Code international de nomenclature phytosociologique. L’ouvrage de Luc Brunerye constitue également un état des lieux important de la flore, via un catalogue raisonné, et des groupements végétaux, qui composent les paysages corréziens. Il est aussi un repère pour les générations futures, dans le contexte actuel de réchauffement climatique, lequel va probablement impacter les vastes complexes tourbeux du Plateau de Millevaches riches en éléments sensibles boréaux, et d’anthropisation croissante des milieux naturels. Les exemples d’herborisations, savamment sélectionnés par l’auteur en fin d’ouvrage, sont une véritable invitation au voyage, à la découverte et à l’émerveillement, face aux richesses naturelles insoupçonnées de la Corrèze, premiers pas indispensables à leur préservation.